Wegan - Mot-clé - éthiqueUn blog francophone écrit par une famille de joyeux végétariens2018-03-09T17:25:46+01:00urn:md5:71532ae485f752a43652af2569f7f784DotclearC'est mon choix !urn:md5:9ac1d51af87751c6613e5b81d7d8e0642017-08-22T16:21:00+02:002017-08-22T15:22:58+02:00QuenouilleGénéralchoixconditionnementpolitiqueéthique<p>À lire dans le joli blog d'Angie, Scripta Manent, un article sur la notion de choix individuel. Le titre dit tout: <a href="https://scriptamanent.blog/2017/08/13/non-manger-des-produits-animaux-nest-pas-une-question-de-liberte-personnelle-2/">non, manger des produits animaux n'est pas une question de liberté personnelle !</a></p> <p>Et pour les flemmasses qui ne ne voudraient pas lire cette argumentation détaillée et imparable, on peut la résumer en deux point: d'abord l'existence d'un <a href="http://www.wegan.fr/index.php?post/2015/07/02/Le-mot-du-jour%3A-conditionnement">conditionnement</a> carniste permet de prendre la notion de libre choix avec une pincée de sel. Ensuite, si l'on prend en compte la liberté du cochon d'élevage ou du taureau de corrida dans l'équation, la solution n'est évidemment plus du tout la même. Que je sache, aucun animal ne choisit librement de passer sa vie dans une prison surpeuplée et sans fenêtres ni bien sûr de la terminer dans un abattoir industriel. Alors, bon appétit les loulous !</p>Lettre ouverte à Danielle Michel et Jean-Louis Carrèreurn:md5:adf1abdfd3c1180a79f6bc7ecbb066fa2016-10-08T10:30:00+02:002016-10-08T09:32:01+02:00QuenouillePolitiquecorridagandhipolitiqueéthique<p>Cher Monsieur le Sénateur, chère Madame La Sénatrice,</p>
<p>J’ai lu dans la presse que vous souhaitiez créer une commission d’enquête parlementaire sur les militants animalistes. Comme j’en suis un, si vous tenez à me rencontrer pour commencer votre enquête, je me tiens à votre disposition.</p> <p>Le résultat de cette enquête risque de vous décevoir : je suis un père de famille de 40 ans, qui gagne sa vie dans l’informatique. Je vote, je travaille, j’élève mes enfants, je paye mes impôts, je donne des étrennes au facteur et au gardien. Un citoyen ordinaire et sans histoire, qui traverse dans les clous et qui vote au centre-droit, voilà mon profil.</p>
<p>Simplement il a quelques années, j’ai ouvert les yeux sur certaines pratiques qui sont parfaitement immorales (corridas, cirques, vivisection, élevage industriel) et comme l’éthique est importante pour moi, j’ai décidé de changer mes habitudes de consommation. J’ai décidé également de contribuer à informer le public en distribuant des tracts, en participant à des manifestations, ou en relayant des articles et des vidéos sur internet. Eh oui, j’ai rejoint volontairement ce « phénomène inquiétant dont les ramifications et le financement s’étendent dans le monde entier ». Et pourquoi ce mouvement s’étend au monde entier ? Tout simplement parce que nous sommes nombreux à vouloir un monde plus juste et plus éthique.</p>
<p>Si vous avez la patience de m’écouter, je pourrais vous expliquer en quoi humanisme et défense du droit des animaux sont parfaitement compatibles. Je pourrais vous conseiller quelques lectures utiles (Peter Singer, Garry Francione, Matthieu Ricard). Pour moi défendre les faibles et les opprimés, ce qui est la base de l’humanisme, est aussi la base de l’anti-spécisme. Vouloir créer une division entre « des populations attachées aux valeurs de l'humanisme et celles qui prétendent lui substituer l'idéologie animaliste » n’a tout simplement aucun sens.</p>
<p>De nombreuses études scientifiques ont mis en évidence un lien entre la violence contre les animaux et la violence contre les humains. C’est bien compréhensible si l’on songe que selon la formule de Lamartine, « on n’a pas deux cœurs, un pour les animaux et un pour les hommes : on a un cœur ou on n’en n’a pas ». À moins d’être complètement dissocié, ce qui est une pathologie en soi, on ne peut pas être cruel avec les uns et bienveillant avec les autres.</p>
<p>Je comprends fort bien pourquoi vous souhaitez flatter le lobby pro-corrida pour des raisons électoralistes et clientélistes. Ce n’est pas glorieux mais c’est compréhensible pour votre intérêt à court terme. Cependant, laissez-moi de vous le dire, c’est un combat d’arrière-garde que vous menez, et ce combat, vous l’avez déjà perdu. Les sondages montrent que trois quarts des Français sont pour l’abolition de la corrida. S’il était possible d’organiser des référendums d’initiative populaire comme en Suisse, la question serait réglée depuis longtemps. Ouvrez les yeux ! L’Espagne est en train d’interdire la corrida partout : ville après ville, région après région, cette pratique cruelle et d’un autre âge disparaît. Il serait extrêmement paradoxal que la France maintienne sur son sol une pratique importée d’un pays (l’Espagne) où elle n’existe plus ! Dans 10 ans, quoi que vous fassiez, la corrida aura complètement disparu de toute l'Europe. Dans une démocratie, quand l’opinion se met en marche, aucun élu ne peut l’arrêter.</p>
<p>Si vraiment c’est important pour vous, allez-y, enquêtez sur les militants si vous pensez réellement que des citoyens préoccupés d’éthique et d’un rapport bienveillant aux autres espèces sont un danger pour quiconque. Si vous pensez qu’il n’y a pas meilleur usage de l’argent public que d’organiser une commission d’enquête parlementaire (et de continuer à subventionner des pratiques cruelles et moyenâgeuses comme la corrida), allez-y. Contrairement à ceux qui gagnent leur vie en torturant des animaux et en vendant ces séances de torture comme un spectacle, nous n’avons rien à cacher, et rien à nous reprocher. Nous n’avons pas de sang sur les mains, et nous n’en aurons jamais, car c’est la non-violence qui nous motive. Et les personnes qui nous inspire ne sont pas des politiciens corrompus et clientélistes, mais des personnalités comme Ghandi, dont personne, même pas vous, ne contestera que c’était un grand humaniste, et qui a déclaré que la grandeur d’une nation et d’une civilisation se mesure à la façon dont elle traite les animaux.</p>
<p>Recevez, Madame, Monsieur, mes salutations respectueuses.</p>Que des bonnes nouvelles ?urn:md5:2867b467b53023030978842a1c9ae2c02016-04-08T08:23:00+02:002016-04-08T08:14:38+02:00QuenouillePolitiqueassociationsL214politiquevidéosélevageéthique<p>Ces deux derniers mois les bonnes nouvelles se sont accumulées pour les défenseurs des animaux. Le sujet de l'élevage est arrivé au coeur de l'actualité, et pour la première fois dans les média nationaux, la consommation de viande elle-même a été mise en question.</p> <p><a href="http://www.l214.com/">L'association L214</a> (que je soutiens et avec qui j'agis en tant que bénévole) a publié une vidéo sur un abattoir français, la troisième en six mois. L'impact médiatique et politique de ces vidéos est allé crescendo. À la première l'info est sortie sur les radios d'information (RTL, Inter, France Info) on parlait de "dérives" et le ministre a vaguement promis des mesures. À la deuxième on parlait de "scandales", l'info a été traitée par iTélé et BFM, et le ton a commencé à monter sur les bancs de l'assemblée nationale. À la <a href="http://www.l214.com/enquetes/2016/abattoir-made-in-france/mauleon/">troisième vidéo</a>, ça s'est retrouvée au 20 heures de TF1 et France 2, et on a commencé à aborder le coeur du sujet, à savoir: faut-il continuer à consommer de la viande ? Brigitte Gothière et d'autres défenseurs des animaux ont multiplié les apparitions sur les <a href="http://www.france2.fr/emissions/ce-soir-ou-jamais/diffusions/01-04-2016_472293">plateaux télé</a> pour faire passer ce message simple: la seule bête qui ne souffre pas, c'est celle qu'on ne tue pas. Simple, logique, et imparable. En face les well-faristes comme Jocelyne Porcher (chercheuse de l'INRA qui représente en gros les éleveurs soucieux du bien-être de leurs bêtes) ou les défenseurs décomplexés du carnisme comme Dominique Lestel (auteur d'une "Apologie du Carnivore") avaient bien du mal à paraître crédibles ou cohérents.</p>
<p>De plus, les deux vidéos les plus récentes ont été tournées dans des abattoirs de petite taille certifiés "Bio" et "Label Rouge" et tout ce qu'on veut. En bref il correspondaient en tout point au stéréotype de la viande "heureuse" et "de qualité" mis en avant pas les bo-bo pour justifier leur consommation de viande tout en condamnant l'élevage "industriel" dont le caractère "industriel" serait seul responsable du mauvais traitement des animaux.</p>
<p>Du côté de la presse écrite les articles se sont multipliés, on pourrait citer celui-ci dans Le Monde (<a href="http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/04/04/manger-de-la-viande-ca-demande-trop-de-reniement-de-principes_4895611_3244.html" hreflang="fr">"Manger de la viande ça demande trop de reniements de principes"</a>) ou encore dans Libération l'éditorial de Laurent Joffrin (<a href="http://www.liberation.fr/france/2016/03/31/derriere-la-gastronomie-une-cruaute-de-masse_1443157">Derrière la gastronomie, une cruauté de masse</a>) ou la tribune de Florence Burgat (<a href="http://www.liberation.fr/debats/2016/04/03/portons-un-coup-au-plaisir-carnivore_1443680" hreflang="fr">Portons un coup au plaisir carnivore</a>).</p>
<p>Quant à Stéphane Le Foll, notre ministre de l'Agriculture pourtant prompt à pourfendre les végétariens (en prenant position contre le menu végétarien dans les cantines scolaires par exemple), le voilà qui annonce la création d'un <a href="http://www.lepoint.fr/societe/abattoirs-le-gouvernement-veut-creer-un-delit-de-maltraitance-a-animaux-05-04-2016-2030151_23.php">nouveau délit de maltraitance des animaux</a> après avoir promis <a href="http://www.franceinfo.fr/emission/savoir-etre/2015-2016/01-04-2016-09-55">la présence d'une personne responsable la protection animale</a> (whatever it means...) au poste d'abattage de tous les abattoirs français. Les vétérinaires présents dans les abattoirs ont en effet pour habitude de se concentrer sur l'examen des animaux avant l'abattage (pour détecter les animaux malades) et sur la découpe après l'abattage (pour repérer d'éventuels problèmes d'hygiène). Autrement dit la qualité sanitaire de la viande est leur premier souci, et la souffrance des animaux arrive loin derrière dans l'ordre des priorités. Je n'écris pas cela pour les blâmer: le seul, le vrai responsable de tout ce bordel organisé, c'est le CONSOMMATEUR.</p>
<p>Par ailleurs les grandes chaînes de supermarché annoncent l'une après l'autre des gammes de produits végétariens et végétaliens destinés à remplacer la viande dans le panier de la ménagère de moins de cinquante ans.</p>
<p>Que de bonnes nouvelles donc ? Avant de faire péter le Champomi et de sortir les claquettes, les tutus et les frou-frous, respirons un grand coup.</p>
<p>La viande reste légale dans ce pays. Le gavage, la corrida également. En 2016 comme en 2015, plus d'un milliard d'animaux terrestres seront abattus en France, et vont agoniser sur une chaîne d'abattage, suspendus à un pied, égorgés et vidés de leur sang alors qu'ils sont encore vivants et parfois encore conscients. En 2016 comme en 2015 des millions de canards et d'oies vont être soumis au gavage, pratique cruelle s'il en est, interdite dans la plupart des pays européens. En 2016 comme en 2015 les enfants vont continuer à applaudir des fauves dans les cirques ou des orques dans les aquariums, animaux prélevés dans leur environnent naturel, et qui finissent par devenir fous à cause du confinement dans une minuscule prison. En 2016 comme en 2015, on continuera à acheter des millions de sacs et chaussures en cuir c'est à dire fabriqués avec la peau d'animaux morts, et parfois élevés uniquement pour leur peau ou leur fourrure. Alors même que les alternatives au cuir sont nombreuses et bon marché. En 2016 comme en 2015, les adolescents qui choisiront d'arrêter de consommer de la viande et du lait feront face à des réactions de peur, de rejet, d'hostilité dans leur propre famille et parmi leurs amis. En 2016 comme en 2015 dans l'immense majorité des restaurants scolaires et restaurants d'entreprise, on aura le choix entre viande et viande (ou éventuellement poisson ou oeufs), et trouver une assiette sans lardons ou sans miettes de thon au buffet des entrées relève de l'exploit. En 2016 comme en 2015 des publicités télé et des 4x3 dans toutes les villes vont continuer à marteler le même message: mangez de la viande, mangez des produits laitiers.</p>
<p>Le chemin à parcourir sera long avant d'atteindre l'éveil des consciences et de réels progrès dans nos relations avec les animaux. Réjouissons-nous de ces bonnes nouvelles mais restons lucides. Le jour où le nombre de véganes dépassera celui des électeurs d'extrême-droite dans ce pays, ce jour-là, je veux bien faire la fête, boire et danser toute la nuit avec un slip sur la tête. Mais ce jour est encore bien loin...</p>Le mot du jour: conditionnementurn:md5:ceba9704b1b2d0faf6ae30c8796c6a222015-07-02T11:59:00+02:002015-07-02T11:35:53+02:00QuenouilleMot du jourcarnismeconditionnementdémarchehumourpolitiquepsychologieréponsetélévisionéthique<p>Petite séance de rigolade ce matin en parcourant d'un oeil distrait le <a href="http://kwaice.blogspot.fr/2015/03/guide-de-justification-pour-nuire-et.html" hreflang="fr">petit guide de justification</a> publiée sur le blog<a href="http://kwaice.blogspot.fr/" hreflang="fr"> La Pilule Rouge</a> qui recense une soixantaine d'arguments bidon avancés par les carnistes et la manière d'y répondre. Ce guide lui-même est plutôt bien fait, c'est la réponse d'un internaute qui m'a interpellé. Et qui me permet de démarrer une nouvelle série de billets intitulée "le mot du jour".</p> <p>Voici donc ce qui m'a fait rire, un extrait de la réponse d'un omnivore que je cite avec toutes ses fautes d'ortographe:</p>
<blockquote><p>Personnellement, je me fou royalement des excuses qu'on pourra me lancer, je mangerais de la viande, je n'ai pas pleuré quand je suis allé égorger un cochon pour le manger, j'ai pris plaisir également quand j'ai essayé la chasse à l'arc.</p>
<p>
Pourtant, je ne comprends toujours pas pourquoi, même au sein des 'végans' il y à des différences ? Y a des personnes avec qui on peut discuter, et d'autres qui viennent juste pour t'insulter, car c'est drôle.</p>
<p>
Ah je dis pas, j'adore insulter, mes amis, ca vaut le coup et ils me les rendent bien.</p>
<p>
Nan sincèrement, je suis perdu dans tous ces délires bizarres, et ton article est.., Franchement mal étudié au final.</p>
<p>
Je dirais pas que je ferais mieux, ni même que j'ai l'envie de remonter tous les points que je trouve franchement... J'ai déjà répondus pour Hitler cela dit...</p>
<p>
Oh puis merde</p></blockquote>
<p>La dernière phrase indique clairement l'aporie, c'est à dire le moment où le carniste sent qu'il n'a plus vraiment d'argument en réserve, qu'il ne reste plus que l'invective ou la fuite (dans le cas présent, les deux dans la même phrase). Pourtant, même en l'absence d'arguments valables, le carniste s'accroche à ses convictions avec énergie. Pourquoi ?</p>
<p>En fait il n'y a pas tellement de justifications rationnelles au fait de tuer des animaux terrestres ou marins en 2015 pour se nourrir. Il n'y en a même aucune. Mais l'être humain n'est pas rationnel, sinon il n'y aurait pas des millions d'alcooliques et de fumeurs. Et la Française des Jeux serait en faillite. Et Daech aurait bien du mal à recruter des petits soldats pour des missions suicide. C'est donc une question de psychologie plutôt qu'une question d'éthique, de politique ou d'écologie. Le mot-clé: <strong>conditionnement</strong>.</p>
<p>Comme le rappelle le scientifique Michel Desmurget, auteur de l'excellent bouquin "TV Lobotomie" (et de nombreuses conférences dont <a href="https://youtu.be/NvMNf0Po1wY" hreflang="fr">celle-ci</a> disponible en vidéo) le cerveau humain n'est pas étanche. Il est même "plein de trous". Ce sont ces trous qu'exploitent la publicité bien sûr, mais aussi toutes les dictatures du monde et parfois les religions.</p>
<p>L'une des choses que l'expérience montre (et je parle aussi bien d'expériences historiques comme le fascisme italien ou d'expériences scientifiques comme les chiens de Pavlov) c'est que <strong>le bourrage de crâne, ça marche</strong>. Triste et simple vérité ! Il suffit de répéter n'importe quelle phrase plusieurs centaines de fois, avec conviction, pour qu'elle s'imprime dans le cerveau. Et bien sûr ça marche encore mieux avec des cerveaux jeunes et malléables comme celui des enfants. Ensuite, peu importe que le message soit "Staline est le père du peuple", "Il n'y a qu'un seul Dieu et Mahommet est son prophète", ou encore "Consommez du lait de vache trois fois par jour": une fois que c'est imprimé, en général, c'est pour la vie.</p>
<p>L'immense majorité des gens en Europe et aux États-Unis ont subi ce conditionnement. C'est simple: prenez une chaîne de télé généraliste, et comptez le nombre de pubs pour la viande et le lait en une heure. Multipliez par trois (temps moyen passé devant la télévision), puis par 365 (nombre de jours dans l'année) et vous comprendrez qu'avant d'avoir atteint l'âge de 7 ans, un enfant a déjà été bombardé plusieurs milliers de fois par un message l'encourageant à consommer viande et produits laitiers. Michel Desmurget remarque d'ailleurs, chiffres à l'appui, que les enfants passent plus d'heures dans l'année devant la télévision que devant leur instituteur !! Et comme si ça ne suffisait pas le lobby du lait organise des campagnes de désinformation massive dans les écoles. La plupart des instituteurs y contribuent bénévolement, en croyant sincèrement oeuvre à l'éducation et à la santé des enfants en leur recommandant de prendre "3 produits laitiers par jour". Ils ont été conditionnés eux aussi dès l'enfance ! En réalité si on ouvre les yeux on découvre assez vite que les trois quarts de l'humanité sont intolérants au lactose et que les régions du monde où l'on consomme le moins de lait sont aussi celles où il y a le moins d'ostéoporose, ce qui remet fortement en cause le message 'lait = calcium = bon pour les os"...</p>
<p>Sortir du conditionnement n'est pas facile. C'est un peu comme sortir de "La Matrice". C'est possible bien sûr mais cela demande du temps, de l'énergie, et un certain courage. Comme arrêter de fumer, ou traiter un problème de dépendance aux jeux vidéos, ça ne se fait pas du jour au lendemain. La pratique de la méditation peut aider, dans la mesure où elle procure de la sérénité, une grande liberté d'action et qu'elle favorise les prises de conscience. L'accompagnement peut aider également: pour ma part le chemin suivi par les membres de ma famille vers le végétarisme et la compassion depuis trois ans m'a beaucoup apporté.</p>
<p>J'ai été moi-même victime de conditionnement, c'est très net. Pendant longtemps un repas sans morceau de bidoche ne me paraissait pas un "vrai" repas, ça me faisait tout drôle. Même s'il y avait tout ce qu'il faut dans l'assiette pour bien se remplir le bide, dans la tête c'est différent. Une sorte de peur inconsciente de ne pas être vraiment nourri si on n'a pas consommé un morceau d'animal mort. <strong>Cette peur n'est pas innée, elle n'est pas naturelle: c'est le résultat d'un conditionnement</strong>, d'une sorte de programmation du cerveau durant l'enfance. (Je pense que c'est la raison pour laquelle certains véganes aiment bien les simili-carnés, produits végétaux qui cherchent à imiter le goût et la texture de l'escalope de poulet, des crevettes, de la saucisse. En fait la gastronomie végétale permet précisement de se libérer de ça, d'essayer des formes, des textures et des couleurs infiniment plus variées et apétissantes qu'une vieille entrecôte-frites ! fermons la parenthèse). La bonne nouvelle c'est qu'on peut réviser le programme, rien n'est gravé dans le marbre heureusement ! Par conséquent le conseil numéro un qu'on pourrait donner à un omnivore curieux ou en conversion: éteignez votre télé, ou même revendez-la ! Commencez par récupérer votre temps de cerveau humain disponible.</p>
<p>Se positionner dans un dialogue face à un(e) omnivore victime de conditionnement requiert un certain doigté, un équilibre subtil. Deux choses sont à éviter: d'une part donner à mon interlocuteur l'impression que c'est "chacun son choix" et que je trouve l'exploitation des animaux normale bien qu'à titre personnel je choisisse de l'éviter. D'autre part dire à mon interlocuteur "t'as été complètement lobotomisé, grosse bête", ce qui est évidemment contre-productif. C'est comme dire à quelqu'un qui se met en colère: "T'es drôlement énervé, calme-toi dis donc !" en général ça ne le calme pas du tout !! Le défi est donc d'arriver à entre-ouvrir la porte, à provoquer ou encourager le début d'une prise de conscience. Les mots à utiliser dépendent de l'interlocuteur et du contexte. Il faut surtout accepter à l'avance le fait que le déclic ne se produira pas forcément de façon instantanée et visible. Les techniques de communication habituelles comme la CNV peuvent aider. Dire "je" plutôt que "tu" est efficace. Préférer les formulations positives aux formulations négatives. Votre interlocuteur peut accepter d'entendre "j'ai choisi de manger uniquement des produits végétaux pour limiter les souffrances inutiles et protéger les ressources naturelles qui sont limitées" plus facilement que "tu mange de la viande gros salopard c'est dégueulasse et en plus ça bousille l'environnement".</p>
<p>Il faut savoir de plus que la <strong>colère</strong> est une réaction fréquente des victimes du conditionnement lorsqu'on remet de cause de manière trop explicite leurs croyances bien ancrées. Il suffit parfois de dire "je ne mange pas de viande" sans autre explication pour entendre de drôle de noms d'oiseaux (extrémiste, hippie, bobo, sectaire, etc) , et subir une leçon de morale en prime (ce qui est un comble mais nous l'avons tous vécu).</p>
<p>C'est pourquoi il est bon de savoir couper court lorsque ça tourne au vinaigre. Là encore ce n'est pas évident de sortir d'un conversation qui prend un tour aggressif. Un certain travail sur soi, qui évite à l'ego de s'en mêler en cherchant à avoir le dernier mot à tout prix, peut aider à ça. On peut juste prendre acte du désaccord et changer de sujet. Si le conditionné insiste, une technique très efficace quand on a la présence d'esprit de la mettre en oeuvre est <strong>le jeu du silence</strong>. On laisse son interlocuteur baver sans prononcer une parole, mais en exprimant qu'on est pas d'accord par le langage non verbal, par exemple en le regardant fixement. Efficacité garantie.</p>
<p>Pour finir, passons la question au niveau politique: comment aider 60 millions de personnes à se libérer d'un conditionnement qui existe depuis un siècle, sachant que ce conditionnement porté par la société est également soutenu par des lobbys au poches profondes qui investissent massivement dans le bourrage de crâne sous toutes ses formes ? Très bonne question. Eh bien, on peut commencer par adhérer à une assocication, ou démarrer un blog... et pour se donner du courage on peut se rappeler le mot de Victor Hugo: "Il n'est rien au monde d'aussi puissant qu'un idée dont l'heure est venue".</p>Les petits hommes vertsurn:md5:93c1df9dfd09bf395fcbe2c0da35be722015-05-13T12:50:00+02:002015-05-13T14:43:18+02:00KiwiGénéralenfantsextra-terrestreslivremanspécismeéthique<p>Coucou ! Ça commençait à faire longtemps que je n'avais rien publié, puis je suis tombée sur cette petite histoire dans <em>Le cri de la carotte</em> de Sandrine Delorme, qui l'avait elle-même trouvée sur l'excellent blog d'<a href="http://www.insolente-veggie.com/" hreflang="fr">insolenteveggie</a>, et je me voulais la faire partager. Le titre original était "la condition animale expliquée aux enfants". Sur ce, bonne lecture !</p> <p>Comment faire comprendre la condition animale aux enfants ? (parce qu'aux adultes, j'ai l'impression que c'est mort) voici une petite histoire:</p>
<blockquote> — Bon voilà, imagine que ça se passe... sur Terre, la nôtre. Il y a tout d'un coup une invasion d'extraterrestres, Ils ont quitté leur planète parce qu'ils étaient trop nombreux à y habiter. Ils sont plus grands que nous, ils sont pas méchants, ils sont intelligents, ils veulent pas vraiment coloniser la terre, juste vivre dessus. Ils s'appellent eux-mêmes les" Namuh".<br />
— Ils ont l'habitude de manger les mêmes végétaux que nous, ils adorent le chocolat et les carottes en particulier. Sur leur planète, il n'y avait pas d'autres animaux, alors ils ne mangeaient que des végétaux et ça leur allait très bien. Mais un jour, ils ont essayé comme ça, de manger un humain, pour voir. Ils ont trouvé ça très bon, alors ils ont décidé d'en manger plus, ils se sont mis à les chasser pour se faire de bons repas avec leur chair, et c'était pratique, un sandwich au bras pour midi, un cerveau le soir, avec de la bonne sauce, mmh !<br />
— C'est gore ton histoire.<br />
— Mais attends, ils ne mangeaient pas tous les humains, ceux à la peau noire par exemple, ils les trouvaient plus jolis et plus sympa (un peu comme toi tu trouve les chats mimis, et pas les cochons). Alors ils les mangeaient pas. Les Namuh les gardaient avec eux pour les chouchouter, les câliner. Ils leur donnaient même des noms !<br />
— Beh c'est raciste, non?<br />
— Oui. Tous les humains n'avaient pas la même condition, les Noirs avaient la chance d'être trouvés mignons, les blancs étaient très prisés pour leur chair et leur peau. Ceux qui avaient les yeux bridés étaient considérés comme des nuisibles, parce qu'ils étaient assez malins pour échapper aux Namuh. Ils vivaient dans d'immenses villes souterraines, mais parfois les Namuh leur jettaient de la nourriture empoisonnée pour s'en débarasser.<br />
— Mais c'est dégueulasse ! les humains étaient là avant !! ce sont les Namuh qui leur volent le territoire, pas le contraire !<br />
— Oui mais que veux-tu... Les Namuh considéraient que rien n'était plus important qu'eux-mêmes. En même temps, ils ont commencé à trouver ça fatiguant de toujours chasser les humains pour les manger, en plus les humains sont intelligents, ils crient, ils essaient de se défendre !<br />
— Et alors ?<br />
— Alors ils se sont mis à les enfermer pour les faire se reproduire, ils les ont enfermés dans de grands enclos, ils les nourrissaient, et de temps en temps, ils en prenaient un au hasard, le plus gras, le plus beau, et ils le tuaient pour le manger. Quand une humaine avait un bébé, ils le lui prenaient et le tuaient car les bébés humains ont une chair plus tendre. Bien sûr, ils auraient pu continuer à se nourrir de végétaux uniquement, mais ils trouvaient que la chair humaine avait un gout tellement... tendre... savoureux...<br />
— C'est vraiment dégueu ton histoire ! manger des bébés, bah !<br />
— Et attends, tu ne sais pas le plus beau, les Namuh produisaient tellement d'humains qu'ils n'avaient presque plus de place pour faire pousser les carottes ou les cacaoyers, ils n'avaient presque plus de place pour vivre quoi !<br />
— C'est débile !<br />
— En plus, produire des humains polluait beaucoup, ainsi, les Namuh allaient jusqu'à polluer l'air qu'ils respiraient eux-mêmes !<br />
— Quels idiots ! Et aucun de ces extraterrestres ne disait rien ?<br />
— Il y en avait que ça embêtait de tuer les humains, car ils voyaient bien qu'ils souffraient, et qu'ils vivaient malheureux dans les enclos. Mais bon, ça avait bon goût alors ils en mangeaient. Les rares qui mangeaient pas de chair humaine étaient traités comme des fous, pourquoi se passer de quelque chose d'aussi bon ? Après tout les Namuh étaient plus grands, plus forts, plus rusés que les humains, donc ils se considéraient comme étant au sommet de la chaine alimentaire, et se disaient que c'était comme ça, les humains, on les mange et puis c'est tout.<br />
— Ils sont vraiment méchants les extraterrestres de ton histoire.<br />
— Pas vraiment, c'est juste qu'ils se rendent pas compte, ils ne voient pas ce qu'ils refusent de voir.<br />
— Comment elle finit l'histoire ?<br />
— Je ne sais pas.<br />
— Heureusement, ça n'arrivera jamais !<br />
— Ca se passe juste en ce moment...</blockquote>
<p> </p>
<p>Sympa comme remise en perspective, non ? Et si un jour ce n'était plus nous les soi-disant plus forts ? Est-ce que nous trouverions ça normal de nous faire exploiter par une autre espèce parce qu'elle se dit supérieure ? D'ailleurs, ça me fait penser à une vidéo que j'ai vue l'autre jour (MAN de Steve Cutts):</p>
<p><iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/WfGMYdalClU" width="560"></iframe></p>
<p>Voilà, tout est dit. J'adore ce court-métrage pour son efficacité et son cynisme mordant, toute la (dés)évolution de l'homme en 3 minutes, forcément, ça choque. Là encore, il finit piétiné par les extra-terrestres... Encore une autre incitation à une petite remise en cause, peut-être ?</p>180 jours, Isabelle Sorente (roman)urn:md5:b30076e4d73959f0e8dcbc36d6585f0e2015-03-21T22:38:00+01:002015-03-22T00:05:01+01:00QuenouilleLivrescochonlittératurephilosophieromansélevageéthique<p>Je viens de terminer le roman d'Isabelle Sorente, <em>180 jours</em>, et autant le dire tout de suite, ce bouquin m'a beaucoup plu et en même temps pas mal secoué. Je vais tenter d'expliquer pourquoi.</p> <p>Publié récemment (pour la rentrée littéraire 2013), ce roman nous permet de suivre six mois de la vie d'un prof de philo qui découvre l'horreur de l'élevage moderne dans une porcherie industrielle en Bretagne (un "atelier de 15.000 unités" comme annoncé pudiquement dans une petite annonce), et n'en ressort pas indemne. C'est le récit de la transformation intérieure profonde d'une homme et des conséquences que cette transformation ne manque pas d'avoir sur son entourage et sa vie.</p>
<p>Le plus grand piège pour un auteur qui choisit un tel sujet, serait d'écrire un essai déguisé, et non un vrai roman. De recycler maladroitement des arguments qui seraient plus à leur place dans une autre forme de narration. De chercher à imposer une certaine vision du monde toute faite au lecteur, sans lui laisser la liberté d'osciller, de douter, de méditer, de ressentir le trouble, la culpabilité, ou encore l'appel d'air que provoque une brusque prise en conscience. Isabelle Sorrente n'est pas tombé dans ce travers: <em>180 jours</em> est, d'abord et avant tout, un bon roman. Avec une solide instrigue et du suspense. Avec un style assez personnel. Avec des personnages à qui on s'attache, qu'on a envie de suivre pas à pas. Martin le prof de philo timide, poli et bien élevé, très empathique, manquant peut-être un peu de confiance en lui-même mais sachant inspirer confiance aux autres. Camélia, le porcher qui n'en peut plus. Celui-ci prévient Martin:</p>
<blockquote><p>Ne va pas t'imaginer que tu seras le même en repartant, ne va surtout pas t'imaginer ça, ici on s'endurcit ou on s'écorche vif, autant que tu le saches, il n'y a pas le choix. Alors ce n'est pas plus mal que tu ne t'habitues pas trop vite, je te conseille de revenir demain, tu pourras faire un tour dans le bâtiment E (Engraissement) avec Frank ou dans le bâtiment B (Conception) avec Jean-François, mais ne compte pas sur eux pour te raconter leurs états d'âme: ils ont choisi l'endurcissement, respecte leur choix. Quand les gars se blindent, ils n'ont pas envie que le blindage craque, la peau et les os risqueraient de partir avec, respecte ça. Les écorchés sont plus rares, la plupart des types préfèrent s'endurcir, on dirait que ça fait moins mal, au début en tout cas. Et puis il y a ceux qui changent de stratégie en cours de route, Laurence par exemple, m'a laissé un message pour me dire qu'elle voulait te voir. Elle a commencé à changer je dirais depuis un mois, quand elle a commencé à prendre en photo les truies du bâtiment C (Maternité), celles qu'elle aimait bien avec leurs petits, elle a mis les photos dans un dossier sur son ordi. Maintenant il arrive qu'elle se demande où ces truies sont passées). Arrive que la nuit elle fasse des rêves bizarres.</p></blockquote>
<p>L'autre qualité du roman d'Isabelle Sorente est qu'elle ne nous fait pas la morale. Comme certains cinéastes qui donnent l'impression d'avoir simplement posé la caméra et laissé vivre leurs personnages sans les juger. Elle décrit, elle ressent et nous fait ressentir. Elle laisse le lecteur face à ses émotions, sans lui donner de clé, d'explications toutes faites qui pourraient le heurter ou le rebuter parcequ'elles arrivent trop tôt ou trop tard. Elle regarde Legai, le propriétaire brutal et machon de la porcherie et Tico, la jeune végétarienne militante et aggressive, de la même façon, c'est à dire avec compassion et de façon humaine. Elle nous invite à comprendre et à ressentir plutôt qu'à juger.</p>
<p>Au-delà de questions simples comme: peut-on et doit-on continuer à manger de la viande ? Isabelle Sorente nous pose des questions plus essentielles et quasi existentielles: Comment en sommes-nous venus à traiter des êtres vivants comme des simples machines à produire de la viande ? Quelle image de nous-même nous renvoie ces lieux sinistres, aseptisés, mécanisés, où survivent des animaux terrorisés, maltraités du premier au dernier jour de leur misérable existence ? Peut-on égorger 800 porcs par heure à l'abattoir et rentrer tranquillement à la maison pour dîner en famille et regarder la télé comme si de rien n'était ? N'est-ce pas s'abaisser soi-même que d'avoir si peu de respect pour la vie, la mort et les souffrances de ces animaux ?</p>
<p>Pour ma part je dois avouer que la précision clinique des descriptions ainsi que le questionnement existentiel, le vertige devant la mort en masse, m'ont fait penser au récit romancé de Robert Merle, <em>La mort est mon métier</em>. On y retrouve notamment les schémas de pensée liés au déni, qui est nécessaire pour se protéger d'une réalité si horrible qu'on n'est pas capable de la regarder en face. Je sais que le parallèle entre les élevages industriels et les camps de concentration a été fait par plusieurs auteurs (Matthieu Ricard lui-même l'évoque dans son <em>Playdoyer pour les animaux</em>), et j'ai envie de rester prudent avec ce type de comparaisons. Mais le côté industriel, optimisé, mécanique de la mise à mort de milliers d'êtres vivants est un point commun indéniable.</p>
<p>La fin de ce roman est assez ouverte: Isabelle Sorrente nous laisse libres d'imaginer le destin des personnages qu'on a suivis et auxquels on s'est attachés. Elle nous laisse libres nous aussi de vaquer à nos occupations (vaquer ou cochonner, c'est selon) mais une chose est sûre: que vous continuiez à en manger ou non, vous ne regarderez plus jamais une tranche de jambon de la même façon.</p>
<p>A lire également: <a href="http://abonnes.lemonde.fr/livres/article/2013/09/25/a-la-place-du-porc_3484580_3260.html" hreflang="fr">la critique de Macha Séry dans Le Monde</a> et celle d'Anne-Sophie Bellaiche <a href="http://www.usinenouvelle.com/article/180-jours-le-roman-d-une-crise-morale-qui-guette-l-elevage-industriel.N227513">sur le blog "Muses industrielles" de l'Usine Nouvelle</a></p>