Citation du jour: Lamartine

La citation du jour est signée Alphonse de Lamartine, poète et homme politique français:

Nous ne pouvons pas avoir deux cœurs, un pour les animaux, un autre pour l’homme. Dans la cruauté envers l’un ou l’autre il n’y a aucune différence, sauf pour la victime

Lamartine fut végétarien depuis l'enfance, par l'influence de sa mère, comme il le raconte dans les Confidences (Livre IV);

Ma mère était convaincue, et j'ai comme elle cette conviction, que tuer les animaux pour se nourrir de leur chair et de leur sang est une des infirmités de la condition humaine ; que c'est une de ces malédictions jetées sur l'homme soit par sa chute, soit par l'endurcissement de sa propre perversité. Elle croyait, et je le crois comme elle, que ces habitudes d'endurcissement de coeur à l'égard des animaux les plus doux, nos compagnons, nos auxiliaires, nos frères en travail et même en affection ici-bas ; que ces immolations, ces appétits de sang, cette vue de chairs palpitantes sont faits pour brutaliser et pour endurcir les instincts du coeur. Elle croyait, et je le crois aussi, que cette nourriture, bien plus succulente et bien plus énergique en apparence, contient en soi des principes irritants et putrides qui aigrissent le sang et abrégent les jours de l'homme.

Il a également écrit dans la Chute d'un Ange de très beaux vers sur la cruauté intrinsèque de l'alimentation carnée:

Les hommes pour apaiser leur faim
N’ont pas assez des fruits que Dieu met sous leur main.

Par un crime envers Dieu dont la Nature frémit,
Ils demandent au sang une autre nourriture.
Dans leur cité fangeuse, il coule par ruisseaux,
Les cadavres y sont étalés en monceaux.

Ils trainent par les pieds, des fleurs de la prairie
L’innocente brebis que leur main a nourrie,
Et sous l’oeil de l’agneau, l’égorgeant sans remords,
Ils savourent ses chairs et vivent de sa mort.

De cruels aliments incessamment repus,
Toute pitié s’efface en leur coeurs corrompus,
Et leur oeil qu’au forfait le forfait habitue
Aime le sang qui coule et l’innocent qu’on tue.

Ils aiguisent le fer en flèches, en poignards,
Du métier de tuer, ils ont fait un grand art.
Le meurtre par milliers s’appelle une victoire,
C’est en lettres de sang que l’on écrit la gloire.

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