L'élevage du cochon

L'élevage du cochon, c'est quelque chose qui pourrait être merveilleux. Tout comme l'apprentissage, la découverte et l'envie de vivre d'un enfant humain, le bébé cochon est lui aussi adorable.

Sur le site groingroin.org, on trouve toutes les informations nécessaires pour un élevage sain. Avec le temps, on peut leur apprendre les joies du jeu ou le plaisir des câlins.

Vous vous en doutez, pour réussir à produire les 300kg de barbac par tête que consomme chaque Français, nous sommes passés à l'élevage dit industriel. Je trouve le terme galvaudé car, à ma connaissance, une production qui passe en mode "industrielle" n'est pas sensé détériorer le "produit". Comme nous le rappelle le Professeur, c'est tellement facile de se dire que ce n'est pas notre problème.

Comme la majorité de la population, j'ai été élevé dans cette atmosphère et cette culture du mâle dominant, qui mange de la viande pour s'affirmer, assurer sa place et remplir sa panse. Enfant, j'associais la viande dans mon assiette au noble art de la chasse, en m'imaginant tel un terrible T-Rex humanoïde qui assoit sa domination via son assiette. Le hic, c'est que l'élevage industriel (nous) a complètement arnaqué !

La première arnaque vient du fait que les cochons ont une vie sociale très hiérarchisée. Ils vont s’affronter dès leur naissance pour se répartir les différentes mamelles de leur mère. Ils ont la chance de naître avec des dents déjà formés et très aiguisées, notamment pour pouvoir se battre entre eux ! La mise en place de cette hiérarchie a pour objectif de leur amener une certaine "sécurité". Globalement, un cochon ne peut pas faire grand chose d'autre que de fuir face aux menaces. Sa liberté de mouvement est pour lui quelque chose de vital, de primordial. Il est assez stressé de nature et la mise en place de cette hiérarchie les aide à avoir une vie apaisé et heureuse. En élevage industriel, on va chercher à en parquer le plus possible dans un espace le plus petit possible, clos, abrité et souvent très sombre. Lorsque les éleveurs "industriels" ont commencé à faire ça, ils ont constaté que les cochons avaient tellement la trouille qu'au lieu de juste établir leur hiérarchie, ils allaient jusqu'à se battre à mort entre eux. Vous comprenez mieux maintenant pourquoi dans les soins du bébé, on lui arrache les dents.

Avec cette méthode, les éleveurs ne perdent plus de têtes alors, objectif rempli, non ? Mmmmh... imaginez vous en train de torturer un être vivant pendant 9 mois... pensez vous que la viande qui en résultera sera tendre et juteuse ? saine et délicieuse ? La première arnaque, c'est qu'on nous vend (à 99.5%) du cochon malheureux et stressé TOUTE sa vie, de la naissance jusqu'à l'abattoir.

La deuxième arnaque est sanitaire. Les éleveurs redoublent d'équipement et de publicité pour nous convaincre que leur viande est saine. Mais dans les faits, les antibiotiques pour cochons permettent:

  • Que les cochons mangent moins (de 3 à 12%)
  • Que les cochons croissent plus vite (de 3 à 9%)

Il semble que les doses d'antibiotiques inhibent le métabolisme de la flore bactérienne intestinale des animaux. Ces bactéries consomment moins de nutriments acides aminés et produisent moins de molécules toxiques ammoniaque et amines.

Avec cette méthode, les éleveurs ont des cochons plus gros et dépensent moins en nourriture alors, objectif rempli, non ? Mmmmh... imaginez vous en train de gaver un être vivant d'antibiotiques pendant 9 mois... pensez vous que la viande qui en résultera sera tendre et juteuse ? saine et délicieuse ? La deuxième arnaque, c'est qu'on nous vend (à 99.5%) du cochon malade, gavé TOUTE sa vie aux antibiotiques, avec un teint blafard et un système interne complètement déréglé.

La troisième arnaque est environnementale. On notera qu'un cochon produit 3 fois plus de déjections qu’un être humain. On nous avait vendu l'idée que les agriculteurs allaient utiliser tout le lisier produit par les animaux sur leurs champs, afin de mieux les faire pousser. Alors, oui, certes, à petites doses, un petit lisier par ci par là, ça peut aider à faire vivre un sol. Sauf qu'avec les quantités produites, l'histoire récente nous a bien montré que la bretagne (avec ses 12 millions de porc produits par an pour 3 millions d'habitants) en produisait beaucoup trop.

L'eau de Bretagne est devenu complètement impropre à la consommation et le législateur a introduit la notion de "zone d’excédent structurel" (la ZES)... (ce qui incite juste les éleveurs à aller épandre ailleurs, par exemple chez le voisin). Maintenant, on essaie de nous vendre les méthaniseurs, cette espèce d'autocuiseur passif géant sensé transformer le vilain lisier en gentil gaz naturel, bon pour nos radiateurs.

Dans les faits, les agriculteurs industriels utilisent ce qu'on appelle dans le jargon des lagons. On peut voir par exemple ceux de SmithField, le numéro un Américain, sur Google Maps en vue satellite. En blanc, ce sont les bâtiments d'élevage, les lagons sont en rouge plus ou moins foncés. Amis de la poésie, vous allez être gâtés : savez vous ce qu’est un “lagon” ? Non non, pas ces eaux bleues magnifiques à l’intérieur des atolls du Pacifique…

Superno les a décrits assez bien:

Un lagon c’est une fosse, de 100 mètres sur 100 mètres (plus que la superficie de 2 terrains de foot, donc), creusée jusqu’à 9 mètres de profondeur. Si on aime avoir le vertige, on peut s’amuser à en calculer la contenance : un litre fait un dm3, donc la fosse contient 1000*1000*90 = 90 millions de litres. Et ce lagon sert de réservoir aux fameuses déjections des cochons. Merde, pisse, mais pas seulement : on y jette aussi des cadavres et du sang. Ce qui, vu de dessus leur donne une belle couleur rose !

Et quand le “lagon” est plein ? Vu qu’on ne peut rien en faire et que les cochons assurent une production continue, on en creuse un autre un peu plus loin…

Même s’il s’agit d’un déchet “naturel”, la quantité et les conditions de stockage n’ont quant à eux rien de naturel. Cette saloperie, dans laquelle grouillent plus de 100 variétés de bactéries (chaque gramme contient 100 millions de coliformes fécaux !), est en fait un poison violent pour l’environnement, et son niveau de toxicité l’apparenterait plutôt à des déchets nucléaires. Entre le “lagon” et les gaz qui s’en dégagent, on relève en effet de l’ammoniac, du méthane, du sulfure d’hydrogène, du monoxyde de carbone, du cyanure, du phosphore, les fameux nitrates et même des métaux lourds… Le tout clapotant à l’air libre…

Le fond du lagon est un espèce de liner, comme dans une piscine. Il arrive qu’il soit déchiré. Dans ce cas la saloperie s’écoule dessous, passe dans le sol, commence à fermenter, avant parfois d’exploser violemment sous la pression…

La troisième arnaque, c'est que les agriculteurs industriels n'arrivent pas du tout à gérer la quantité de déchets produits par leur production. Ils sont à l'origine de très grande pollution, ils ont déjà massacré et détruit à néant plusieurs rivières. Cette quantité est telle (20% de la production des Gaz à Effets de Serre (GES)) qu'elle dépasse la pollution produite par les voitures et les camions réunis.

Je n'ai pas la prétention de vous faire changer d'avis ou d'habitude. Mais pour moi, c'est clair, la viande de cochon industriel, c'est une arnaque. C'est de la viande malade, stressée et polluée. À ce niveau là, autant acheter du poison, ce sera plus efficace !

NB: Si jamais vous avez la chance de trouver une filière d'élevage qu'on pourrait qualifier de responsable, vous verrez vite la différence.

  1. La viande n'est pas rose/malade, elle est blanche/sain.
  2. Elle n'est pas sèche/stressée, elle est tendre/heureuse.

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